Vient de paraître un article écrit par Igor Khorozyan et Matthias Waltert, de l’Université de Göttingen – Allemagne, mettant en évidence des mesures de protection efficaces contre les attaques de grands prédateurs.
Les auteurs compilent 117 études décrites dans 56 publications scientifiques. Ces études couvrent 23 pays, principalement l’Amérique du Nord ; la France n’est pas représentée, mais des pays proches comme l’Italie, le Portugal et la Suisse le sont. Ces études concernent 21 espèces de prédateurs mammifères terrestres, et 12 types de mesures de protection regroupée en 3 catégories :
- L’effarouchement (sonore, physique, chimique, visuel)
- La protection du troupeau stricto sensu (clôtures électriques ou non, animaux de protection, gardiennage)
- Les méthodes d’élevage (changement de races, contrôle des agnelages et vêlages, nourrissage des prédateurs)
L’efficacité de ces moyens de protection est mesurée comme le ratio entre la probabilité de dommage avec mesure de protection et la probabilité de dommage sans mesure de protection. C’est le risque relatif de dommage. Par « dommage », cette étude considère la métrique de dommage mesurée par chaque étude source. Seuls les dommages mesurés en pertes directes (ex : animaux tués) sont pris en compte. Les pertes indirectes (ex : augmentation des avortements) sont exclues de cette étude.
Les auteurs calculent donc le risque relatif de dommage et son intervalle de confiance par catégorie et type de mesure de protection, par grands prédateurs en cause, et par type d’activités humaines impactées.
Si le risque relatif de dommage et son intervalle de confiance sont <0.49, il est considéré que la mesure est efficace. Si le risque relatif de dommage est <0.49 et son intervalle de confiance est <0.89, la mesure est considérée assez efficace. Si le risque relatif de dommage et son intervalle de confiances sont >0.89, la mesure est considérée comme inefficace voire contre-productive (le risque relatif de dommage > 1).
La figure montre que les mesures les plus efficaces sont les mesures d’effarouchement physiques (ex : colliers en métal autour du cou des brebis), les clôtures électriques, les animaux de protection (tels que les chiens, mais aussi les ânes, les lamas), et le contrôle des naissances du bétail (saisonnalité et accès à l’herbe). Les prédateurs contre lesquels ces mesures fonctionnent bien sont principalement le lynx, le loup, le lion et le guépard. Les types d’activités qui peuvent être protégées le plus efficacement sont les élevages de bovins et ovins/caprins.
Les auteurs discutent ensuite ces résultats. En particulier, une attention doit être portée sur le résultat concernant le gardiennage (« Herding »), dont le risque relatif de dommage médian n’est pas très probant, et l’intervalle de confiance très large. Les auteurs indiquent que le gardiennage est une mesure reconnue très efficace, mais très dépendante de la façon dont il est mis en place (cas par exemple du gardiennage par des enfants). De même, le nourrissage des prédateurs est discutable en terme d’effet secondaires et collatéraux non souhaités (habituation des prédateurs par exemple). Une discussion concernant le mode de calcul du risque relatif de dommage lui-même aurait été souhaitable. Par exemple, la façon dont est évalué le nombre d’animaux tués par de grands prédateurs est sûrement variable dans chaque étude-source. La méthode de mesure de l’efficacité des moyens de protection est en effet un sujet d’envergure à lui seul.