Situation du loup
en France
Crédit photographique : J. L’Huillier/ONF
La population de loups fait l’objet d’un suivi annuel permanent. L’OFB est responsable de l’organisation de ce suivi, par le recueil et l’analyse des données au travers de son Réseau multi partenaires de correspondants. Le suivi de la population de loups en France a été mis en place depuis la première détection de l’espèce en 1992 dans Parc national du Mercantour. Il est déployé aujourd’hui au niveau national, avec quelques 4 000 correspondants formés à cet effet.
Où sont les loups en France ?
Espèce discrète, et vivant en faible densité sur de grands territoires (plusieurs milliers d’hectares), les loups sont difficiles à détecter par simple observation visuelle directe. En zone de présence permanente, beaucoup l’ont croisé une fois dans leur vie, mais très rares sont celles et ceux qui le voient plusieurs fois par an. Le suivi scientifique du loup repose donc sur des techniques éprouvées de recherche d’indices indirects sur le terrain, tels les excréments, poils, urine, sang ou encore proies qui trahissent sa présence.
La distribution du loup
en France
Les données collectées et analysées sur tout le territoire français permettent au réseau Loup-lynx de réaliser le bilan de détection de présence de l’espèce. Si le fait de trouver un indice indique que l’espèce est présente, en revanche ne pas en trouver n’assure pas pour autant son absence ! Un lissage par maille sur une fenêtre biannuelle permet de compenser ce biais.
Une carte de distribution de l’espèce est ainsi éditée chaque année pour visualiser l’aire de présence du loup détectée sur le territoire français, en classant les mailles en présence régulière versus occasionnelle. Consultez l’évolution de ces cartes de détection de présence de l’espèce au cours du temps sur le portail de l’OFB “Carmen”.
Les cartes décrivant la période 2020-2024 sont en cours d’actualisation.
Les zones de présence permanente (ZPP) et leur suivi dans le temps
Un suivi plus intensif sur les secteurs de présence régulière permet alors d’identifier la composition des groupes de loups formés en meutes. Le loup étant une espèce territoriale, il est alors possible en combinant les sources d’indices de présence et de reproduction de déterminer les différents groupes qui se partagent le territoire.
On étudie des territoires où la présence du loup est avérée sur deux hivers consécutifs que l’on appelle des “zones de présence permanente” (ZPP). Les ZPP dites « meute » sont des groupes de loups composés soit d’un couple et de leur progéniture, soit d’au moins trois adultes. Les ZPP « non-meute » sont des territoires fréquentés par un ou deux loups sans reproduction avérée. Lorsqu’il n’y a pas de nouvel indice au cours de l’hiver sur une ZPP connue l’année précédente, la ZPP est classée “en sursis”. Ces données permettent d’étudier l’évolution des territoires et du statut des groupes dans le temps, comme présenté sur le graphique ci-contre.
Évolution du nombre de ZPP hivernales en France – situation à l’issue de l’hiver 2023
À la sortie de l’hiver 2023, le réseau Loup-lynx estimait que la population de loups en France comptait au moins 180 ZPP (dont 9 en sursis). Parmi ces ZPP, 157 sont classés “meute” et 23 classés “non-meute”. Par ailleurs, en fin d’hiver 2023, 30 secteurs restent à confirmer où l’on suspecte l’établissement de nouveaux groupes ou d’individus isolés.
Les cartes à l’issue de l’hiver 2023 sont présentées ci-dessous et le bilan le plus récent est disponible ici.
Cartographie schématique des zones de présence permanente (ZPP) du loup en France – Situation à l’issue de l‘hiver 2023
Évolution démographique de la population de loups
Comme toutes les populations d’animaux sauvages, la population de loup ne peut pas être dénombrée de manière exhaustive par simple comptage. Il convient de faire appel à la modélisation mathématique pour prendre en compte notamment la faible détection de l’espèce.
C’est pourquoi nous parlons d’estimation. L’observation consécutive sur plusieurs années nous permet d’établir des tendances d’évolution de la population (hausse, baisse ou stable) pour caractériser son statut de conservation.
Évolution de l’effectif consolidé de la population de loups en France de l’hiver 1995/1996 à l’hiver 2022/2023
Les analyses génétiques combinées à des méthodes statistiques permettent entre autre d’accéder à cette estimation pour calculer un effectif corrigé de son biais de détection imparfaite.
À la sortie de l’hiver 2022-2023, le réseau Loup-lynx estime que l’effectif moyen de la population de loups en France atteint 1 003 individus (graphique ci-contre). Rappelons que ce chiffre moyen doit être interprété en prenant en compte la variabilité liée à l’estimation : la population se situe donc plus exactement entre 750 et 1 344 loups. Ces résultats ont été actualisés avec les retours d’analyses génétiques obtenus en 2024.
Sont également calculés, grâce à ces modèles scientifiquement reconnus sur de nombreuses espèces, les paramètres de survie et mortalité : pour la période 2014-2019, la mortalité était estimée à 42 % toutes classes d’âges confondues et toutes sources de mortalités naturelles et/ou anthropiques.
Estimation du taux d’hybridation (loup/chien) de la population
Appartenant à la même espèce à l’origine, loups et chiens peuvent potentiellement se croiser entre eux et donner une descendance hybride.
Les analyses génétiques couplées à des modèles statistiques permettent d’obtenir un taux d’hybridation de la population. Des centaines de loups ont été identifiés individuellement par leur profil ADN tirés des échantillons biologiques (excréments, urines, etc.) qu’ils ont laissés sur le terrain. Les résultats d’une étude menée par l’ONCFS (actuel OFB) en 2017, montrent qu’en France le taux d’hybridation dans la population de loups est de l’ordre de 2,5 % pour l’hybridation récente et 6 % pour l’hybridation plus ancienne. Ces pourcentages sont conformes à ceux relevés dans d’autres pays d’Europe.
Historique
Crédit photographique : P. Massit/ONCFS
Présence historique du loup
Les documents d’archives indiquent que le loup était historiquement présent dans toutes les campagnes françaises. L’impact qu’il représente déjà à l’époque, sur l’élevage particulièrement, fait de lui un ennemi public, et les moyens sont développés pour le chasser, avec notamment des primes à l’abattage attractives. Au XIXe et au XXe siècles, le loup n’occupe plus que la moitié de son territoire historique. Les hommes le chassent, l’empoisonnent et réduisent son habitat par une déforestation importante. En 1937, la population est considérée comme éradiquée (thèse de F. de Beaufort, 1984).
C’est 50 ans plus tard, avec les préoccupations de protection et de conservation des espèces, que le loup obtient le statut d’espèce protégée au niveau européen. Ces textes interdisent sa destruction mais des dérogations sont néanmoins prévues en cas de dommages jugés importants (voir sa réglementation). Parallèlement, les forêts regagnent du terrain et les proies du loup redeviennent abondantes. Ce changement de contexte qui se produit en moins d’un siècle se révèle très favorable au retour de l’espèce sur le territoire français, comme sur l’ensemble de l’Europe occidentale.
Le loup n’a jamais complètement disparu d’Italie (région des Abruzzes, au centre du pays) et, profitant de l’évolution du contexte juridique et environnemental, l’espèce progresse naturellement, en particulier vers le nord et le massif alpin.
Retour progressif du loup
en France
En 1992, un premier couple de loups est observé en France, dans le parc national du Mercantour (06). Dès lors, le suivi de l’espèce est mis en place et permettra de documenter son expansion.
Cette croissance de la population de loups s’inscrit plus globalement dans la croissance de l’espèce en Europe. L’OFB participe d’ailleurs à son suivi à l’échelle européenne et transmet ses données au groupe d’experts du Large Carnivore Initiative for Europe (LCIE), qui publie des rapports à l’échelle européenne, comme présenté ci-dessous.
Carte de détection de l’espèce à l’échelle européenne en 2022/2023 – Source : LCIE, Dryad