Les premiers indices retenus collectés par le réseau Loup-lynx sur la région datent de 2010. En plus des loups, la région BFC possède la spécificité de compter une grande partie des zones de présence régulière de la population française de lynx boréal. Ainsi, le massif jurassien est l’une des rares zones de l’hexagone concernée par la présence régulière des deux prédateurs. La région Bourgogne Franche Comté compte actuellement une seule Zone de Présence Permanente du loup (ZPP du Marchairuz), située à cheval entre les départements du Doubs, du Jura et transfrontalière avec la Suisse (figure 1). La reproduction de la meute est détectée en 2019 et 2020 sur la partie helvétique de la ZPP.
Année après année, le réseau Loup-lynx se renforce et compte actuellement plus de 360 correspondants sur la région (dont plus de 190 sont sur les seuls départements du Doubs et du Jura = cœur historique de la population de lynx). Près d’une centaine d’indices de présence de l’espèce ont été transmis en 2019 et plus de 150 en 2020.
Les méthodes de suivi du loup doivent être adaptées sur de nombreux secteurs de la région où l’absence de neige rend le recours aux pièges photographiques indispensable. Les premières images de loup ont ainsi été effectuées dans les départements bourguignons de la région : en 2016 dans la Nièvre, en 2018 dans l’Yonne, en 2019 en Saône-et-Loire et en Haute-Saône en 2020. Précisons que ces images peuvent tout à fait correspondre à la présence ponctuelle d’un animal (phénomène de dispersion) et ne présage en rien d’une installation durable de l’espèce sur ces secteurs.
Sur l’ensemble de la région, au cours de l’année 2019, 28 indices de présence sont retenus comme attribuables à l’espèce loup, dont 26 images. Sur la même année, 141 constats de dommages sont réalisés par les agents de l’OFB (ex ONCFS), dont 43 pour lesquels la responsabilité du loup n’est pas écartée. Les principaux secteurs où sont enregistrés ces données se situent sur la ZPP du Marchairuz (25 et 39), ainsi que sur la région du Vézelien dans l’Yonne qui concentre l’essentiel du volume des constats « loup non écarté » (LNE) réalisés sur la région au cours de l’année 2019 (figure 2).
Au cours de l’année 2020, on note une nette augmentation des données de présence collectées : 68 indices de présence retenus dont 65 sont des images, 185 constats de dommage réalisés dont 80 « loup non écarté ». Cette recrudescence dans la collecte de données sur le terrain semble due à la fois à la présence de l’espèce sur de nouveau secteurs (front de colonisation), ainsi qu’à l’augmentation de la pression d’observation déployée par les correspondants du réseau. En effet, on observe une augmentation significative des données de piégeage photographique sur la ZPP du Marchairuz (58 images retenues), ainsi que la présence de 2 nouveaux foyers de prédation sur le centre du département de Saône-et-Loire et le nord de la Haute-Saône, en limite avec les Vosges (figure 3). A titre de comparaison, le niveau de prédation attribuable au lynx (ie constats pour lesquels la prédation du lynx n’est pas écartée) est resté stable au niveau régional sur la période 2019-2020, avec une cinquantaine de constat « lynx non écarté » chaque année.
Un loup sur la ZPP du Marchairuz © OFB / SD25
L’année 2020 a par ailleurs été marquée par la mortalité de deux loups sur ces 2 nouveaux secteurs de présence. La première le 22/09/2020 suite à 16 attaques « loup non écarté » enregistrées depuis la fin aout 2020 sur deux communes de part et d’autre de la région (Fougerolles en Haute-Saône et Le Val d’Ajol dans les Vosges) et la mise en place d’arrêtés préfectoraux de tirs de défense. La seconde le 13/11/2020 à la suite d’Arrêtés préfectoraux de tirs successifs de défense et de prélèvement par le Préfet de Saône-et-Loire.
En ce qui concerne le suivi génétique de la population, une louve de la meute de Marchairuz a été identifiée en décembre 2016 à Prémanon côté français. Elle a fondé avec le mâle M95 (codification Suisse) la meute du Marchairuz en 2018. Les analyses génétiques pratiquées sur les animaux prélevés par tirs dérogatoires fin 2020 nous renseignerons peut-être sur l’origine de ces animaux.
D Chenesseau et P-E Briaudet, OFB